Petit tonton : « On a ouvert cette maison de l’oralité et du patrimoine, nous demandons aux Guinéens de se l’approprier, elle appartient à tout le monde, venez découvrir et partagez des choses avec nous ».
Inaugurée il y a quelques jours, la maison de l’oralité et du patrimoine est située à Nongo Tady près de chez les Intimes (ex Aldo). Il s’agit d’un espace d’échange et de découverte accessible à tout le monde. Avec une décoration exceptionnelle, la maison met en valeur le contenu local à travers plusieurs domaines. Chaque pièce de cette belle demeure est décorée avec des objets traditionnels de chez nous.
Alors pour en savoir un peu plus ce magnifique lieu culturel, nous y sommes allés faire un tour et rencontrer Moussa Doumbouya alias Petit tonton, conteur médaillé des ‘’8ème jeux de la Francophonie’’. Il est le fondateur de Koumakan ‘’la maison de l’oralité et du patrimoine’’.
Dans cet entretien, de l’idée de création en passant par les objets et les activités que la maison accueille, Petit Tonton nous dit tout.
Parlez-nous de cette belle demeure ‘’la maison de l’oralité et du patrimoine’’.
La maison de l’oralité et du patrimoine est une maison qui se veut gardienne d’un savoir-faire ancestral, gardienne de nos valeurs. Une maison de transmission de nos valeurs, de découverte des métiers traditionnels, de connexion mémoriale, de connexion intergénérationnelle. Aujourd’hui chez les jeunes, il y a une rupture entre l’ancienne et la nouvelle génération. Le monde devient de plus en plus virtuel. Donc cette maison se donne comme mission d’amener les gens à l’essentiel. Pour nous humain c’est-à-dire que quand on vient ici qu’on puisse parler avec les gens, à vive voix, qu’on puisse échanger, partager, qu’on puisse découvrir notre riche diversité culturelle.
Comment vous est venue l’idée de créer une telle maison ?
Quand j’ai été médaillé d’argent aux jeux de la francophonie, en 2017 à Abidjan, j’étais en train de me poser des questions sur quel élément culturel je peux porter. Au moment où je me dis que je tiens le conte qui est un élément de notre culture, l’oralité c’est très importante dans la culture africaine et le conte, c’est l’école de la vie dans la tradition africaine. Donc je me dis là il faut essayer de retourner aux sources. En retournant aux sources on retrouve tellement de choses qu’on a envi de partager avec les autres. Il fallait alors retourner aux sources pour partager avec les autres. Et pour partager il faut souvent un lieu qu’on avait du mal à trouver… on s’est dit qu’il faut un point de chute mais aussi un lieu où on peut réunir les gens. Voilà pourquoi ce lieu est imposé à nous. Il fallait ce lieu pour passer à une autre étape et continuer d’autres projets…
Quels sont les objets qu’on retrouve dans la maison ?
Alors dans la maison de l’oralité nous asseyons de mettre en valeur le contenu local. On a déjà différents espaces, une salle de répétition dans laquelle nous essayons d’insonoriser avec des nattes de chez nous mais aussi des panneaux qu’on couvre avec le tissu de la forêt sacrée, dans la grande salle de réception, la salle de travail nous avons des troncs d’arbres, des tables fabriquées dans nos bois, fabriquées par nos menuisiers d’ici, on a des nattes aussi dans une autre salle d’animation avec des coussins qui sont couverts avec nos tissus. Ensuite dans la décoration nous utilisons le lefa, les vans bien tissés bien jolis par nos mamans, on a aussi des objets pour nous rappeler l’ancien temps comme des lampes à pétrole des instruments de musique ou des bottes de riz comme on en trouve dans les cases de nos mamans et de nos grands parents au village. Des trucs comme ça pour nous rappeler qui nous sommes et d’où nous venons.
Quels genres d’activités faites-vous à la maison ?
À la maison de l’oralité, nous avons plusieurs activités qui sont entre autres les rencontres (à la rencontre de quelqu’un ou de quelque chose), des veillées de contes, la collecte, la conservation et la vulgarisation donc on va collecter les contes, berceuses essayer de les travailler pour les rendre disponibles en audio, vidéo, dessin, photo. Il a aussi des ateliers de découverte et d’apprentissage de notre instrument traditionnel comme le balafon, le djembé, la flûte. On a des ateliers de contes, de danse traditionnelle, de chants traditionnels et on a aussi des espaces de travail…
Votre mot de la fin.
On a ouvert cette maison de l’oralité et du patrimoine, nous demandons aux Guinéens de se l’approprier. La maison n’appartient pas qu’à nous, l’équipe de Koumakan, elle appartient à tout le monde, venez découvrir et partagez des choses avec nous.
Et que la bénédiction des ancêtres soit avec nous.
Kadiatou Baldé
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