Ibrahima Diallo est un auteur originaire de Kindia, la ville des agrumes, où il a fait la majorité de ses études. Il exerce parallèlement quatre professions : entrepreneur, agent commercial à NSIA Assurances, inspecteur chez Hanaro Trading SARL et écrivain.
C’est pour en savoir un peu plus sur lui et son œuvre intitulée « Une famille polygame » que Rarili l’a contacté.
Quel est votre parcours littéraire ?
Ma volonté d’écrire remonte aux années 2011-2012. J’avais la volonté, l’envie, l’amour, le talent, … Je ne sais pas si je l’avais en ce moment ou pas mais ce qui est sûr, c’est que l’élément clé qui me manquait était le courage.
Il y a cette peur de ne pas être à la hauteur qui m’animait. Il m’a fallu attendre en avril 2017 pour prendre la plume pour la première fois. L’aventure fut très dure, il fut même un moment où j’ai voulu abandonner. Écrire une œuvre exige de l’auteur beaucoup de qualités comme le courage, la persévérance, la concentration, la détermination, un bon niveau linguistique et surtout un grand amour de la lecture. Quelques mois après, j’avais déjà un manuscrit.
En 2019, j’ai eu ma première proposition de contrat d’édition avec Édilivre puis il y a eu des dizaines de propositions venant d’éditeurs français. Mais puisque ceci est mon premier projet littéraire, le réaliser en Guinée me tenait vraiment à cœur et c’est finalement en 2021 que j’ai signé mon contrat avec la maison Innov Éditions Guinée, après une première proposition faite en 2020.
Vous avez écrit combien d’œuvres ?
Pour le moment, Une Famille Polygame est ma seule et toute première œuvre.
Parlez-nous de ce roman.
Une Famille Polygame est un roman qui raconte l’histoire tristement belle et émouvante d’une famille déchirée par les ambitions immodérées d’une femme. Ce récit suit le chemin d’un jeune studieux, armé de courage, vivant au sein d’une famille polygame.
Dans cette œuvre, j’essaie de toucher la sentimentalité des lecteurs. J’expose la polygamie avec toutes ses conséquences. Cette polygamie mal conçue dans nos familles. Je plonge le lecteur dans une Afrique mystérieuse, avec ses valeurs aimables et détestables.
Ce jeune du nom de Mouminy attrape par on ne sait quel mécanisme une terrible maladie dont les causes, malgré l’évolution de la science et de la technologie, n’ont pas pu être élucidées.
Son père lui promit en vain de l’envoyer en Allemagne, chose qui échoua à chaque fois par on ne sait quel maléfice.
Chose alarmante et choquante, sa mère Mariama, reléguée au second rang dans le foyer, indigente qu’elle était, finit par mourir en martyr quelques années plus tard des suites d’une maladie inexpliquée. Mouminy face à l’indifférence de sa famille paternelle puisa le courage d’affronter cette épreuve que la vie leur infligeait, ses sœurs, son frère et lui.
Après avoir obtenu son diplôme de licence, Mouminy vend le terrain de sa mère pour aller poursuivre ses études en France sous l’œil monstrueux de sa belle-mère.
Sept années après, il revient au bercail plus déterminé que jamais. Sur place, il ouvre un cabinet de conseil juridique et fiscal et se taille une belle place dans la société. Mais ce n’est que le début d’une succession d’événements poignants, que vous découvrirez en lisant le livre.
Les thématiques abordées dans ce roman sont entre autres le mysticisme, l’immigration régulière et irrégulière, les traits obscurs et la nature humaine, la mal-gouvernance et le chômage, la liberté de choisir et le consentement des futurs époux dans un mariage, …
Qu’est-ce qui vous a motivé à l’écrire ?
Depuis quelques années, nous avons tous les yeux rivés sur des sujets politiques alors qu’il y a d’autres phénomènes socioculturels qui sont aussi en train de détruire des vies.
Je n’ai pas écrit ce livre pour dénigrer la polygamie, ou la promouvoir. Je l’ai écrit pour m’attaquer à ces coups bas, ces injustices, ces maux qui détruisent des vies à travers des pratiques qui datent de milliers d’années, afin que l’opinion publique prenne conscience des conséquences désastreuses de ce phénomène qui a pris de l’ampleur en Afrique…
Au vu de cette situation, j’ai écrit ce livre en espérant permettre aux uns et aux autres de prendre conscience de ces attitudes cruelles.
C’est une mise en garde contre les conduites nocives de toute personne qui ne veut pas voir les enfants de l’autre dans la joie, qui leur souhaite du mal, et pire, leur en fait pas.
Ceci est donc non seulement une œuvre éducative et dissuasive pour ceux qui s’aventurent dans ces pratiques que, personnellement, je juge extrêmement épineuses et préjudiciables, mais aussi, une œuvre qui parle aux cœurs de ceux qui pensent que le destin d’une personne pourra être bloqué par un marabout ou par un Homme mécontent. Ce roman doit les pousser à ne jamais abandonner afin de vivre leurs vies de rêves. Que tout est possible avec la volonté et le courage.
Ceux qui ont eu l’opportunité de lire le livre peuvent en témoigner.
Avez-vous rencontré des difficultés dans l’exercice de votre métier ou dans la vie ?
Les difficultés sont partout. Elles font partie de notre quotidien. Mais le plus important, c’est de savoir les surmonter et pour cela, l’élément clé est le courage. Parlant de mon œuvre littéraire, j’ai connu beaucoup de difficultés.
On n’écrit pas pour soi, on écrit pour un public qui parfois est assez exigeant. Cela peut donc nous conduire au stress, qui chasse l’inspiration. Il y a aussi des difficultés liées aux règles grammaticales, d’orthographe, de syntaxe, de structure… Je dois bien admettre qu’avant d’écrire ce roman, j’avais oublié beaucoup de règles de la langue de Molière. Écrire l’action peut vraiment être un casse-tête qui vous pousse parfois à mettre votre plume dans un tiroir.
Quelles pistes de solutions proposeriez-vous ?
Qui veut écrire un livre est d’abord un grand amoureux de la lecture. C’est la base. En plus, il faut avoir une histoire inspirante à raconter qui pourra attirer l’attention du lecteur (susciter l’envie de lire). Être dans un environnement calme peut vous aider à vous concentrer sur votre plume et vous donner l’inspiration. Il y a aussi d’autres qualités comme le courage, la persévérance, la ténacité…
Est-ce que vous avez un message particulier à faire passer ?
Permettez-moi de plutôt lancer deux messages :
Le premier s’adresse à cette jeunesse. Formez-vous, informez-vous, cultivez-vous aussi longtemps que vous pouvez. Et l’élément incontournable de tout ce que je viens de citer est la lecture. Donc lisez ! Lisez ! Lisez !
Le second est de demander aux autorités politiques notamment le Président de la transition, son Premier Ministre et son Ministre de la Culture de mettre en place une politique gouvernementale qui pourra aider les écrivains à promouvoir leurs œuvres dans un pays où le son et l’image conjuguent leurs forces pour effacer la lettre. Nous écrivons pour être lus et non pas pour être vus.
Est-ce qu’il y a une chose qu’on a oublié de vous demander et qui vous tient à cœur ?
Puisque nous parlons du livre, je pense qu’on ne va pas clôturer cette interview sans parler du prix et de comment se le procurer.
Le livre coûte 12 euros, soit 120 000 GNF. Il est disponible avec moi et en librairie à la Maison du Livre, la librairie Carrefour, Innov Éditions, l’Harmattan.
Ceux qui sont hors du territoire national peuvent l’avoir en ligne sur Billet Facile Guinée, innoveditionsgnlivre.com.
Alpha Oumar Baldé